Théâtre 2 l'Acte
Théâtre
21.02.2023 → 28.02.2023
Spectacles
Durée : 50mn
Tarif : 10,00 € / 8,00 €
Une mère attend que son fils l’appelle. Elle ne l’a pas vu depuis longtemps, sauf sur l’écran de son téléphone. Que fait-elle de ce temps suspendu dans l’attente ? Elle parle à son fils absent, loin d’elle, non à cause des kilomètres, mais en raison du chemin qu’il a pris. Elle parle pour ne pas « devenir folle », c’est ce qu’elle se dit. C’est ce qu’elle dit au père du fils, qui lui se réfugie dans le silence. Ses pensées tournent sur elles-mêmes, en boucle, ses pensées la dévorent. Elle dérape, elle ne sait plus ce qu’elle dit, elle étouffe, elle a besoin de crier, elle voudrait hurler. Sa douleur, son incompréhension, son horreur. Son fils est un passeur de migrants ; son fils qu’elle aime tant, accomplit chaque jour des actes inimaginables, des actes inhumains. Comment remplacer l’image de l’enfant innocent par celle de l’homme que l’enfant est devenu. Cet homme qui « a gardé le même visage quand tout en lui est devenu infamie » ? Elle essaie de comprendre. Mais il n’y a pas de compréhension possible. Elle s’enfonce de plus en plus « au cœur des ténèbres ». Et nous y plonge.
Parce que cette parole m’est apparue absolument nécessaire à faire entendre, particulièrement aujourd’hui, chez nous en France.
Ce texte nous force à voir, à entendre, à sentir ; nous force à voir les corps, à entrer à l’intérieur des corps; il nous oblige à regarder ces êtres errants, perdus, abandonnés de tous, malmenés, envoyés « en toute conscience à une mort certaine ». La mère vit dans son propre corps les affres de la noyade, du manque d’air et elle nous les fait vivre à nous aussi. On ne peut pas détourner le regard de « ces femmes, ces hommes, ces enfants (qui sont) comme des oiseaux qui se cognent contre une vitre ». « Seul un monstre le pourrait » …
Sommes nous devenus des monstres ? Ce texte va bien au-delà de la simple relation d’une mère à son fils. C’est nous tous qui sommes interpelés. Notre propre humanité qui est questionnée. Nous sommes pris dans le maelstrom de nos propres contradictions, de notre hypocrisie ; nous qui voyons les images à la télévision, nous qui savons, nous qui détournons le regard parce que trop c’est trop, nous qui regardons ailleurs, qui avons peur de ses êtres sans défense, démunis, « les plus pacifiques d’entre nous ». Nous qui fermons les yeux. Qui laissons faire.
Accueil en résidence : La Fabrick à Millau, le Ring scène périphérique à Toulouse, le Théâtre Garonne à Toulouse
Coproduction : Le Théâtre Garonne à Toulouse & L’Espace Apollo à Mazamet
Texte de Raphaël Saint-Remy
Extrait de « Éclipse » édition l’Oscillographe
Interprétation Marie-Angèle Vaurs
Direction d’actrice & Mise en scène Michel Mathieu